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Qui est Hans Asperger ?

Un autiste • mai 21, 2023
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Temps estimé de la lecture : 20 à 30 minutes.

Asperger se prononce [aspɛʁgœʁ], soit « asse-père-gueur » en français.

Cet article se concentre sur la figure énigmatique d’Hans Asperger, en s’articulant autour de trois aspects liés à son nom. Le syndrome d’Asperger ; les liens présumés d’Hans Asperger avec le régime nazi ; et les enjeux qui conduisent certains à entrevoir une hiérarchisation des autistes dans les recherches d’Asperger.

Est-il à l'origine du syndrome d’Asperger ?

Le syndrome d’Asperger a été intégré dans la nosologie médicale en 1994, avec la publication du DSM-IV
(
Manuel diagnostic et statistique des troubles mentaux, quatrième édition de l’Association américaine de psychiatrie).

   Un hommage au Dr Hans Asperger, et une méconnaissance de ses travaux.

Le syndrome d’Asperger fut créé par Lorna Wing en 1981, après deux décennies d’études approfondies sur l’autisme. Wing a réalisé que la définition de l’autisme, basée sur les travaux de Leo Kanner et les théories psychanalytiques, ne reflétait pas l’expérience des autistes. Cette prise de conscience l’a donc conduite à chercher une nouvelle approche pour comprendre l’autisme (Steve Silberman, Neurotribus - Autisme : plaidoyer pour la neurodiversité, 2015). C’est au cours de cette exploration qu’elle découvrit les travaux du Dr Hans Asperger. Les recherches d’Asperger ont permis à Wing d’appréhender la gamme d’expressions de l’autisme. En hommage à la contribution d’Asperger dans la recherche sur l’autisme et à son empathie manifeste envers les autistes, Wing a choisi de nommer ce concept d’après lui. Ainsi, en 1981, dans une époque où l’autisme était seulement envisagé sous l’angle médical, le terme "syndrome d’Asperger" a été introduit. Ce concept visait à illustrer la diversité des expressions de l’autisme et donc à faciliter la reconnaissance et les besoins de chacun.

Au fil du temps, le syndrome d’Asperger a gagné en légitimité, aboutissant à son inclusion dans le DSM-IV en 1994. Cependant, Wing a reconnu que les critères du DSM-IV et ceux de la CID-10 s’éloignaient des travaux d’Asperger (Lorna Wing, Reflections on Opening Pandora’s Box, 2005). Le syndrome d’Asperger, tel que décrit par ces organismes, ne reflète pas fidèlement les travaux d’Hans Asperger sur l’autisme (Leekam, S. &All, 2000 ; Manjiviona, J., Prior, M., 1999). Depuis, des quiproquos, des interrogations et des incohérences se forment sur les intentions de la médecine, sur le Dr Hans Asperger, ou encore sur la gamme d’expressions de l’autisme.

Aujourd’hui, le terme "syndrome d’Asperger" n’est plus utilisé en médecine. En 2013, le DSM-5 informe d’un :. «.regroupement du trouble autistique, du syndrome d’Asperger et du trouble envahissant du développement dans les troubles du spectre de l’autisme. Car ces troubles ne sont pas distincts et leurs symptômes font partie d’un seul continuum [...]. » Et l'OMS traduit le syndrome d’Asperger comme «  un trouble du spectre de l’autisme sans trouble du développement intellectuel et avec une légère ou aucune altération du langage fonctionnel » #6A02.0.



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Partisan du nazisme ?

Dans son livre Les enfants d’Asperger, Édith Sheffer fait écho aux convictions de son fils autiste de mettre un terme à l’étiquette de l’autisme. Celui-ci considérant que «  l’autisme n’est pas réel ».

   Auriez-vous mieux agi durant la Seconde Guerre mondiale ?

En 1935, le Dr Hans Asperger, reconnu pour son intelligence, fut promu directeur du service de pédagogie curative de la clinique pédiatrique de Vienne. Cette institution était réputée pour la qualité de ses soins et de ses recherches en pédiatrie au début du 20e siècle. Cette même année, Asperger fonda une famille. Pendant ce temps, le nazisme montait en puissance en Allemagne. Asperger écrivait à ce sujet :

« Un peuple entier avance dans une seule direction, de manière fanatique, avec une vision étroite, certes, mais aussi avec enthousiasme et dévouement, avec une discipline et un contrôle énormes, avec une terrible force persuasive » (Steve Silberman, Neurotribus, 2015).

Comment interpréter ses mots ? Certains pourraient y voir une validation du nazisme. Mais d’autres liraient à la place les propos d’un autiste chrétien, exprimant avec détachement une critique affirmée du nazisme par les notions de fanatisme, de vision étroite et de force terrible, tout en reconnaissant la dynamique de cette démarche (lui qui, durant son adolescence, souhaitait ranimer les valeurs teutoniques traditionnelles de son pays). Deux mois après ses écrits, Asperger a pu prendre conscience du danger du nazisme, lorsque le chancelier Engelbert Dollfuss fut assassiné par des SS déguisés en militaires autrichiens. Vienne n’était pas à l’abri du fanatisme allemand, d’ailleurs, personne ne l’était. L’Autriche fut annexée par l’Allemagne nazie en 1938.

Qu’auriez-vous fait à ce moment ? Après l’Anschluss, le service d’Asperger a été visé par la "loi sur la stérilisation héréditaire" promulguée par les nazis dès 1933, qui, en d’autres termes, prévoyait l’extermination de tous les citoyens présentant des signes mentaux jugés "indésirables". Ainsi, à la place du Dr Hans Asperger, responsable d’une famille et d’un service pour enfants, qui plus est surveillé par les nazis, auriez-vous pris le risque (pour vos patients, vos collègues, votre famille, vous-même) de fuir ou de combattre ? ... Sans doute auriez-vous fait comme lui, opté pour une collaboration dite "tactique".


   Entre collaboration et résistance : Une réalité nuancée

La réalité de l’occupation nazie et les choix auxquels étaient confrontés les peuples européens sont bien plus complexes que le simple dilemme de la résistance ou de la collaboration. Le sociologue suisse Werner Rings démontre l’existence de différents types de collaboration dans son livre Vivre avec l’ennemi. Peuples européens sous l’occupation nazie, écrit en 1981. Ainsi, il n’y aurait pas seulement le camp des gentils (chez qui tout le monde se reconnaît aujourd’hui) et celui des méchants (les nazis), il y aurait aussi une zone grise :

  • La collaboration conditionnelle
    L’adhésion à l’occupation est partielle. La collaboration se fait pour atténuer les aspects négatifs de l’occupation. Rings prend pour exemple la
    France de Vichy.
  • La collaboration neutre
    Il n’y a aucune adhésion ni aucun rejet pour l’occupation. La collaboration se fait dans l’unique but de survivre. Rings prend pour exemple certains industriels (comme la
    SNCF, Renault, etc.).
  • La collaboration tactique
    Le rejet de l’occupant est total. La collaboration se fait dans l’espoir de résister autrement que par la force. C’est une dissimulation de la résistance. Cependant, Werner Rings précise que la collaboration tactique ne peut perdurer, car l’occupant finit par imposer un ensemble de contraintes et de pressions de plus en plus lourdes.


   Quelle était la position exacte d’Asperger envers le nazisme ?

Différentes sources apportent des éclaircissements sur la position d’Asperger. Dans son livre A History of Autism publié en 2010, Adam Feinstein a exploré plusieurs opinions de professionnels et de proches d’Asperger. Pour le Dr Marc Bush, l’analyse stylistique des articles d’Asperger montre qu’il utilisait délibérément un vocabulaire "nazifié" pour tromper les nazis qui parcouraient ces travaux, dans le but de protéger les enfants dont il avait la charge. Quant à la collègue d’Asperger, Elizabeth Wurst, elle a déclaré :

« Asperger avait une position très claire contre les nazis. Il a tenté de consolider cette position. Deux de ses collègues [Anni Weiss et George Frankl]... ont émigré aux États-Unis. Et lorsqu’il s’y rendait lui-même, il les rencontrait et discutait avec eux du bon vieux temps. S’il y avait eu des problèmes avec des Juifs dans son équipe, il n’aurait pas cherché à les rencontrer en Amérique.                  »

Il y a aussi sa fille, Maria Asperger-Felder, qui confirme qu’il n’a jamais adhéré au parti nazi, ce qui était un acte explicite à l’époque et rarement toléré pour les postes à responsabilité comme celui d’Asperger. Elle se portera garante de la réputation de son père. Dans Neurotribus de Steve Silberman, on trouve aussi les récits du psychiatre américain Joseph Michaël qui assistait souvent aux séminaires de la clinique. Il avait remarqué l’originalité du service d’Asperger où il semblait n’y avoir « aucun intérêt particulier à différencier le normal de l’anormal » (Michaël, 1935). Il y voyait des enfants heureux. Il jugea les méthodes d’Asperger, qui permettaient aux enfants de s’épanouir avec leur différence, plus proche de l’art que de la science. Enfin, pour terminer, Asperger lui-même osa prononcer des discours à l’encontre de l’idéologie nazie :

« Laissez-moi aborder ce sujet aujourd’hui, non pas du point de vue du peuple dans son ensemble […], mais du point de vue des enfants atypiques. […] Ce qui sort de la norme est considéré comme anormal, mais cela ne doit pas être perçu comme inférieur. » (Asperger, 1938)

« Les enfants autistes ont la capacité de ressentir leur environnement d’un point de vue différent, souvent avec une maturité surprenante. Cette capacité, qui persiste toute leur vie, peut, dans des circonstances favorables, conduire à des réalisations exceptionnelles que d’autres ne pourront jamais atteindre. […] L’autisme met particulièrement en évidence le fait que même des comportements anormaux sont capables de se développer et de s’adapter. […] Cela détermine notre attitude et notre jugement de valeur envers les individus atypiques et nous confère le droit et l’obligation de les défendre. » (Asperger, 1944)

Ainsi, Hans Asperger semble avoir toujours été opposé au nazisme. Mais, qu’en est-il de ses actes ?


   Les actions controversées de Hans Asperger : qu’en est-il réellement ?

Hans Asperger était l’élève favori et l’ami de Franz Hamburger, le directeur de la clinique pédiatrique de Vienne. À partir de 1934, Franz Hamburger fut aussi connu pour son allégeance au nazisme. L’était-il réellement, ou le disait-il pour protéger sa clinique ? Toujours est-il qu’un sophisme par association suffirait à faire de Hans Asperger un fervent partisan du nazisme. On sait également, depuis 2018, grâce aux recherches assidues et uniques du Dr Herwig Czech, qu’Hans Asperger a participé à la mort d’enfants. Mais que représente cette participation, précisément ? Dans le cadre de ses travaux, Asperger a rencontré plusieurs enfants, dont certains de confession juive. À l’instar des autres enfants, il a diagnostiqué quelques-uns d’entre eux comme autistes. Cependant, une constante ressortait dans les conclusions des dossiers d’Asperger concernant ces enfants juifs. Peu importe ses recommandations pour ces enfants, qu’il s’agisse de familles d’accueil, d’orphelinats ou de cliniques, en négligeant parfois l’origine juive de l’enfant ou les traumatismes liés à l’antisémitisme. Tous finissaient inévitablement dans des camps de concentration. Imaginez la pression psychologique engendrée par la connaissance que, quoi que vous fassiez, ces enfants allaient périr. Il est aussi avéré que, sous la pression de parents désespérés, appauvris par la guerre, affamés et terrifiés par le régime nazi, Asperger a validé l’envoi de certains enfants vers le centre Spiegelgrund. Ce centre, supervisé par Erwin Jekelius, était tristement célèbre pour l’exécution discrète d’enfants présentant des handicaps mentaux significatifs. Enfin, Hans Asperger et 6 autres pédopsychiatres ont été sommés par Jekelius pour choisir parmi 200 enfants présentant un trouble du développement intellectuel très important, ceux qui seraient envoyés vers Spiegelgrund. Au total, 35 enfants ont perdu la vie dans ce processus. Certains interpréteront ces actions monstrueuses comme une forme de torture psychologique délibérément orchestrée par le régime nazi, destinées à mettre fin à toute résistance dissimulée. D’autres, en revanche, s’imagineront qu’Asperger s’est porté volontaire et se réjouissait de ces décès, faisant de lui un fidèle partisan du nazisme. Après la guerre, Asperger déclara à propos de ces actes : « Je n’ai jamais voulu accepter ce concept […], mais il s’agissait de situations vraiment dangereuses pour moi » (Czech, 2018). Cela explique pourquoi, après la publication de sa thèse en 1944, il s’est empressé de rejoindre une garnison en Croatie. Asperger s’engagea dans l’armée, en tant que médecin, pour échapper à tout jugement de la Gestapo. Comme l’explique Werner Rings, la collaboration tactique a pris fin sous le poids des pressions.

Après la guerre, Hans Asperger n’a pas fui en Argentine, il a simplement repris son poste de pédiatre à Vienne. Et en 1962, invité à l’anniversaire d’un ancien collègue, il a déclaré :

« Il est clair qu’un tel esprit devait être diamétralement opposé au national-socialisme. Et il a agi en conséquence. […] Il y a des épisodes — des confrontations avec la Gestapo, des années à cacher un étudiant juif [Hansi Busztin] dont la famille a été exterminée — qui auraient pu être empruntés à un roman d’aventures..» (Czech, 2018)

Là encore, ces propos pourront être interprétés comme la connaissance des agissements de ses subordonnés durant la guerre, qu’il protégeait grâce à sa collaboration tactique. Mais vous pouvez aussi croire qu’il s’est invité tout seul à cette fête pour se donner une bonne impression. Ou qu’un directeur de service reconnu pour son discernement et sa bienveillance pour les enfants ne savait pas qu’un grand nombre de ses subordonnés défendait des enfants juifs.


   Et donc ?

Certaines personnes pourraient dire qu’Hans Asperger est un menteur ; que sa famille ment ; que tous les collègues d’Asperger ont menti ; que ceux qui lui ont porté de la sympathie sont forcement des nazis ; ou encore que tous ceux qui le défendent aujourd’hui méritent la prison. Ils pourraient dire aussi que derrière les actes horribles commis par Hans Asperger durant la Seconde Guerre mondiale, se dissimule en réalité un diable. Pour ces gens, Hans Asperger mérite l’oubli, tant pour son nom que pour ses travaux sur l’autisme. D’ailleurs, il suffirait d’utiliser la figure de style malhonnête de "l’empoisonnement par le puits" pour occulter toutes ses recherches sur l’autisme. Leo Kanner a peut-être agi de cette manière pour accroître sa notoriété à partir des années 50, comme le suggère le Dr Marc Bush, ainsi que Steve Silberman. Mis à part cela, il pourrait aussi y avoir des personnes qui comprendraient la difficulté de vivre pendant la Seconde Guerre mondiale, qui reconnaîtraient les nombreux témoignages et parcours validant la tendresse d’Asperger à l’égard des enfants et de la diversité humaine. 

Cela nous amène à la question de savoir pourquoi certains voudraient dénigrer la réputation d’Asperger. Pourquoi diaboliser Hans Asperger au 21e siècle ?...


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Hiérarchisation de l’autisme ?

La hiérarchisation des autistes repose sur l’intolérance, qui les classe en fonction de certaines valeurs, créant ainsi une structure de rangs où certains sont injustement perçus comme inférieurs à d’autres.

   Classifications médicales : outils de compréhension, pas de hiérarchisation

Avant d'explorer les reproches qui sont faits à Hans Asperger dans ses recherches, il est crucial de comprendre la distinction entre la classification et la hiérarchisation, ainsi que le processus qui motive cette hiérarchisation de nos jours.

Les systèmes de classification médicale ont leurs limites (comme expliqué dans l’article Le vocabulaire utile), mais ils évoluent, influencés par les avancées culturelles et technologiques. Leur but est de décrire précisément les problématiques rencontrées par chacun, afin d’identifier les besoins correspondants, et non de hiérarchiser les individus. Les difficultés identifiées ainsi par les classifications médicales peuvent alors solliciter des prises en charge distinctes. Cette logique s’applique également aux autistes. Car la gamme d’expression de l’autisme n’est pas exempte d’éventuelles difficultés. Ainsi, les classifications médicales n’établissent pas une hiérarchie parmi les autistes, elles décrivent simplement les troubles du spectre de l’autisme. Le fait de ne plus avoir, ou de ne pas avoir de trouble du spectre de l’autisme n’implique pas une supériorité morale ou sociale. Chaque autiste a sa propre valeur, indépendamment de ses caractéristiques ou de ses troubles.

Alors, d’où provient cette hiérarchisation des autistes ?

  1. Des préjugés
    Confondre l’autisme avec d’autres concepts engendre des confusions et des généralisations abusives à l’égard des autistes. Par exemple, assimiler l’autisme aux troubles du spectre de l’autisme ou aux troubles du développement intellectuel crée des erreurs qui favorisent des aides inefficaces et des préjugés. Or, l’autisme et ces autres concepts sont distincts et nécessitent une compréhension précise, comme expliqué dans l’article
    Qu’est-ce que l’autisme ?. En utilisant une analogie pertinente, cela serait similaire à confondre le sommeil avec les troubles du sommeil, ce qui conduirait à des préjugés sur le sommeil. Ainsi, tant que l’autisme sera confondu avec d’autres concepts, il subsistera un grand nombre de préjugés à l’encontre des autistes.
  2. De l’auto-stigmatisation
    L’auto-stigmatisation est un processus psychologique par lequel une personne intériorise et adopte des préjugés négatifs sur ces spécificités, renforçant ainsi une image négative d’elle-même. Par exemple, les homosexuels peuvent ressentir de la honte ou de la culpabilité en raison de l’homophobie présente dans la société ou des croyances. Certains d’entre eux peuvent même croire à une "guérison" de leur homosexualité. De manière semblable, tant qu’il existera un grand nombre de préjugés sur l’autisme, les autistes seront susceptibles de subir de l’auto-stigmatisation.
  3. Et d’une défense par le sentiment de compensation
    Une personne qui subit l’auto-stigmatisation et qui cherche à défendre son identité peut se heurter à une
    dissonance cognitive. Un sentiment de compensation peut alors se développer pour se démarquer des préjugés négatifs. Cela peut se traduire par une victimisation ou, au contraire, par une posture de supériorité vis-à-vis d’autrui. Dans le cadre de l’autisme, certains autistes pourraient associer toutes leurs difficultés à leur perception de l’autisme pour mieux se victimiser. De même, lorsque le DSM-IV écrit : «.Contrairement au Trouble autistique, le syndrome d’Asperger n’est généralement pas associé à un retard mental », dans une société qui valorise l’intelligence, les autistes qui n’ont pas été diagnostiqués avec le syndrome d’Asperger peuvent se sentir marginalisés. À l’inverse, ceux qui sont diagnostiqués avec le syndrome d’Asperger pourraient tenter de se protéger des préjugés négatifs en se démarquant des autres autistes. Cela peut se manifester par un usage excessif d’un vocabulaire lié à Asperger*, comme "Aspie", "Aspiergirl", "Aspie Friendly", "Aspie days", et autres. Néanmoins, avec la dernière classification des troubles du spectre de l’autisme (DSM-5 et CID-11), ces distinctions perdent de leur pertinence, réduisant ainsi les occasions de se sentir inférieur ou supérieur.

Ainsi, alors que le syndrome d’Asperger devient un facteur de division pour certains autistes, d’autres pointent du doigt Hans Asperger en le considérant comme l’auteur ou une référence de ce syndrome.


*: L’utilisation du vocabulaire associé à Hans Asperger ne découle pas systématiquement d’un sentiment de compensation ou de supériorité.


   Hans Asperger : son rôle dans la hiérarchisation des autistes ?

Hans Asperger travaillait dans une clinique pédiatrique qui n’accueillait pas les enfants avec des troubles du développement intellectuel important. Cette décision, datant des années 1930, se basait sur des aspects économiques et pédagogiques, sans lien avec l’idéologie nazie. Malgré cela, certains opposants d’Asperger ont suggéré que ce choix était une prédisposition à hiérarchiser les enfants, en se conformant au nazisme.

Autre point, Hans Asperger était conscient de l’interprétation psychanalytique de l’autisme comme une psychose ou un repli sur soi. Cette vision rendait les enfants autistes vulnérables, en particulier face à l’idéologie nazie qui préconisait l’élimination des enfants jugés "non productifs". Pour pallier cette menace, Asperger soulignait donc les compétences des autistes. Il cherchait ainsi à déconstruire les stéréotypes négatifs et à défendre les enfants sous sa responsabilité. Ceux qui critiquent Asperger pensent qu’il aurait agi de cette manière dans le seul but de négliger les autistes les plus vulnérables.

Enfin, on reproche à Hans Asperger d’avoir "trié" les autistes (référence à une hiérarchisation). Cependant, il convient de noter que cette critique repose sur une manipulation rhétorique visant à substituer le vocabulaire de la "classification" (de la gamme d’expression de l’autisme) à celui du "triage" (associé à l’idéologie nazie). Il est essentiel non seulement de reconnaître et de répondre aux difficultés auxquelles certains autistes sont confrontés, mais aussi de valoriser leurs forces et leurs talents. Lorsque Hans Asperger classait les enfants autistes, son intention n’était pas d’établir une hiérarchie, mais de reconnaître la diversité d’expression de l’autisme.

Moment de complicité musicale à la Clinique pour enfants de l’Université de Vienne, entre le Dr Hans Asperger et un jeune garçon, dans les années 1930.
Crédit photo : Dre Maria Asperger Felder


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Verdict ?

Hans Asperger, un nom aujourd’hui largement reconnu, est au centre de nombreuses controverses. Pourtant, un examen plus approfondi des sources disponibles, y compris les témoignages de sa famille, de ses collègues et d’avis professionnels sur le sujet, révèle des faits essentiels :

  • Hans Asperger n’a pas créé le syndrome d’Asperger.
  • Hans Asperger n’était pas un eugéniste.
  • Hans Asperger n’était pas un nazi.
  • Hans Asperger n’a pas eu de loyauté envers le nazisme.
  • Hans Asperger n’a pas "activement coopéré" avec les nazis.
  • Hans Asperger n’a pas assassiné des enfants.

En effet, sa collaboration avec les nazis a été contrainte par des menaces de mort qui pesaient sur lui, sa famille, son service et ses jeunes patients. Des actes répréhensibles ont été commis, mais cela ne relevait pas de sa propre initiative. Malgré ce contexte, de nombreuses pressions seront exercées pour faire taire la défense d’Hans Asperger. Certains choisissent de juger Hans Asperger coupable parce qu’il ne s’est pas directement et ouvertement opposé au nazisme, ou parce qu’il n’a pas défendu la terre entière dans ses recherches.

Edith Sheffer, figure parmi les critiques les plus virulentes. Elle voit en Asperger l’origine de l’étiquette de l’autisme, une étiquette que son fils autiste souhaite éliminer. Aurait-elle un intérêt à condamner Asperger ? De plus, ses travaux ne révèlent rien de nouveau sur Hans Asperger ; son livre est rempli de pétitions de principe basées sur les recherches de l’historien autrichien Herwig Czech.
Les motivations d'Herwig Czech peuvent aussi être questionnées. Pourquoi insiste-t-il sur la condamnation posthume d’Hans Asperger ? Pourquoi rejette-t-il la critique de ses travaux par le neuro-anthropologue
Dean Falk ? Pourquoi ne reconnaît-il pas le travail d’autres experts, comme le Dr Marc Bush ou les témoignages pertinents comme ceux de Maria Asperger-Felder, Elizabeth Wurst, Hansi Busztin, Joseph Michaël, et d’autres ? Peut-être Czech a-t-il des raisons personnelles de s’attaquer à Asperger ? Souhaite-t-il venger la mort d’un ancêtre (le sien, ou celui d’un ami) dont l’envoi à Spiegelgrund est signé par Hans Asperger ? Ou ne s’agirait-il que de l’hypothèse de la double empathie en action ? Autrement dit, un non-autiste incapable de comprendre l’autiste Hans Asperger et qui verrait en lui les pires défauts d’un non-autiste. Ou peut-être encore cherche-t-il la notoriété, à l’instar de Leo Kanner ? Leo Kanner était attiré par la visibilité médiatique. Il a engagé les anciens collègues d’Asperger, Anni Weiss et George Frankl, pour mener ses propres recherches sur les enfants atypiques. Cependant, une fois qu’il a bénéficié de leurs connaissances, il les a rapidement remerciés. La presse n’a retenu que "l’autisme de Kanner", reléguant ainsi les contributions d'Asperger et de ses collaborateurs. Concernant Herwig Czech, d’autres hypothèses subsistent. Est-ce qu’il cherche à défendre des autistes victimes d'auto-stigmatisation qui, par un sentiment de compensation ou de jalousie, s’en prennent à Asperger ? Ou peut-être enfin, s’est-il tout simplement trompé dans ses recherches, ce qui a entraîné un effet domino dans le monde de l’autisme et la perception d’Hans Asperger ? Il est nécessaire de poursuivre les recherches, d’examiner différentes perspectives et de remettre en question les idées reçues pour parvenir à une vision éclairée et équilibrée de l’histoire.
À l’issue de cette exploration, il est crucial de rester vigilants face aux manipulations et aux interprétations abusives qui pourraient ternir les contributions significatives de figures telles qu'Hans Asperger. Il est primordial d’analyser avec la même rigueur, les intentions des activistes anti-Asperger, que l’histoire d’Asperger. Dans notre quête de connaissance, il est essentiel de faire preuve de discernement face aux récits qui, parfois trop influencés par les émotions, peuvent nous égarer.

Édith Sheffer aurait condamné Asperger pour soutenir son fils ?



La rédaction et la révision de cet article ont été réalisées en collaboration avec ChatGPT, un modèle de langage développé par OpenAI.

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